Il n’est pas rare que les parents d’enfants âgés d’entre 2 et 3 ans soient confrontés à une toute nouvelle pression de leur entourage (parfois, parmi tant d’autres!) quant aux attentes liées au développement de leur petit humain, plus précisément la fameuse transition des couches aux bobettes!

Plusieurs parents m’écrivent à ce propos: soit ils vivent du stress car ils ont l’impression que leur bébé ne devrait plus porter de couches à son âge, soit ils en vivent parce qu’ils sont tannés d’avoir à se justifier à leurs proches et amis concernant ce grand apprentissage qu’est celui de la propreté!

L’apprentissage de la « propreté »

Récemment, j’ai eu vent que certains parents préfèrent éviter d’utiliser le terme « propreté » lorsqu’il est question du passage des besoins dans la couche vers la toilette. Je tiens à mentionner que pour ma part, je vais nommer ce concept comme étant l’apprentissage à la propreté, et ce pour différentes raisons.

D’abord, je considère que dans cet apprentissage, il n’y a pas que la notion de la retenue et de l’évacuation des déchets humains (pour ne pas dire « pipi-caca »!). Il y aussi tout l’accompagnement du parent avec l’enfant dans sa conscience de l’hygiène comme le lavage des mains et du nettoyage des parties intimes.

Ensuite, je ne crois pas que de dire que l’enfant est « propre » signifie qu’il était « sale » avant d’utiliser adéquatement la toilette, comme me l’ont souligné certains réfractaires du terme initial. L’enfant de 2 ou 3 ans, n’étant pas dans le raisonnement inductif ni déductif, ne fera pas le lien que son parent, qui le dit maintenant propre, le considérait probablement sale avant!

Toutefois, afin d’éviter toute confusion, pourquoi ne pas simplement utiliser les termes « aller à la toilette » quand on s’adresse à l’enfant? Problème réglé!

Une mauvaise conception de l’apprentissage de la propreté est que ce doit être le parent qui l’initie quand, au contraire, l’apprentissage ne sera possible qu’à partir du moment que l’enfant sera prêt à le vivre!

La capacité de détecter une envie, de la retenir jusqu’au moment d’être sur le pot ou la toilette pour ensuite l’évacuer à notre guise découle du phénomène de maturation.

En développement humain, tout comportement sera influencé par différents facteurs d’influence : certains sont internes et d’autres sont externes. D’une part, nous avons notre bagage génétique qui influence la façon que vont se développer certaines habiletés ainsi que la maturation, qui est simplement le résultat de l’évolution de notre espèce. Par exemple, j’apprends à marcher quand mes muscles sont assez forts pour me soutenir, ce qui traduit le phénomène de maturation. Je peux apprendre à marcher avant un autre enfant si j’ai de longues jambes fortes comme celles de ma mère, ce qui traduit l’influence de mes gènes. Ensuite, l’environnement aura certainement un impact sur le développement de nos habiletés et comportements : le milieu dans lequel on grandit, les personnes qui nous éduquent, etc. Par exemple, j’apprends à marcher moins vite que d’autres bébés si je n’ai pas l’occasion de m’exercer à bouger, traduisant l’influence de mon environnement.

Propreté : apprentissage ou développement ?

L’apprentissage de la propreté est d’abord influencé par une maturation du système nerveux qui lui permet de contrôler ses sphincters.

Il y a deux formes de sphincter : le sphincter anal (muscle de l’anus) et le sphincter vésical (muscle de la vessie). Le contrôle de chaque sphincter ne se développe pas tout à fait au même rythme, ce pourquoi l’apprentissage de la propreté est un processus progressif qui peut s’étirer sur plusieurs mois (voir années!). L’enfant maîtrisera habituellement le contrôle de ses sphincters d’abord de jour, puis éventuellement de nuit.

Il n’y a pas lieu de s’inquiéter si l’enfant n’a pas acquis cet apprentissage avant 4 ans. Progressivement, entre 18 mois et 4 ans, l’enfant développera l’habileté de faire ses besoins sur la toilette. Si votre enfant tarde à y arriver, il peut être intéressant de s’adresser à un professionnel de la santé pour écarter toute problématique, mais il faut se rappeler que ces âges sont des repères et que les enfants ne vont pas systématiquement y correspondre.

Les signes à surveiller et quelques stratégies gagnantes pour faire de l'apprentissage à la propreté une réussite!

Plusieurs signes peuvent indiquer aux parents qu’un enfant est prêt à vivre cet apprentissage, notamment de par son propre intérêt envers la toilette ou le petit pot. Plusieurs autres éléments doivent aussi être pris en considération dont la maturité biologique de son système comme présenté ici.

Si toutefois vous voulez en connaître d’avantages sur les signes précurseurs,  pour savoir quand débuter l’apprentissage à la propreté avec succès et pour avoir accès à plusieurs stratégies bienveillantes qui respectent le rythme des enfants, tout en visant une réussite à long terme, je vous invite à consulter le chapitre «entraînement à la propreté» inclus dans le module 7 de la formation «Apprivoiser la petite enfance les doigts dans le nez». 

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Quelques repères de développement liés à l’apprentissage de la propreté

18-24 mois

sphincter anal

Les enfants ressentent mieux l’envie, mais plus souvent une fois que le besoin s’évacue. Ils expriment leur envie surtout une fois qu’elle est passée.

sphincter vésical

Le relâchement est assez rapide : l’enfant peut exprimer qu’il a envie, mais le temps est limité pour se rendre sur le pot ou la toilette.

22 à 24 mois

Certains enfants de cet âge semblent traverser une phase de régression ou les progrès qui avaient été faits ne semblent plus d’actualité. Ce changement peut être influencé par les parents qui mettent une certaine pression à l’enfant. L’enfant peut commencer à être conscient des attentes qu’on a envers lui, mais n’est pas en mesure d’y arriver physiquement.

2 ans

sphincter anal

L’enfant est meilleur pour ressentir son envie et l’exprimer. Il peut être capable de ne pas porter de couche durant la journée.

sphincter vésical

La capacité de rétention de l’enfant s’améliore, mais est irrégulière. Il est attendu que l’enfant ait des accidents dans la journée lorsqu’il ne met pas de couche.

3 ans

sphincter anal

L’enfant peut aller de lui-même sur le pot ou sur la toilette et démontre de l’intérêt pour ce qui se trouve dans la cuvette après l’évacuation. Il n’est pas rare qu’il veuille dire « bye-bye » avant de tirer la chasse.

Il est capable de ne pas évacuer ses besoins pendant la nuit.

sphincter vésical

L’enfant est capable de contrôler ses envies le jour jusqu’à ce qu’il soit sur le pot ou sur la toilette et est meilleur pour contrôler ses envies durant la nuit.

À noter que ce sont des repères; certains enfants manifesteront ces habiletés un peu plus tôt ou un peu plus tard que les âges indiqué.

Aller à la toilette : une habileté physique, cognitive et socioaffective

Jusqu’ici, j’ai beaucoup misé sur la place de la maturation des sphincters dans l’acquisition de ce jalon du développement. Toutefois, il importe aussi de savoir que l’apprentissage de la propreté implique aussi des capacités de motricité globale et de motricité fine qui permet à l’enfant de contrôler ses sphincters, mais aussi de se positionner adéquatement sur le pot ou la toilette au moment venu, notamment.

Sur le plan cognitif, l’enfant doit aussi être capable de comprendre quelques consignes simples. S’il ne peut comprendre ce qu’on s’attend de lui lorsqu’il doit aller sur le pot ou sur la toilette, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il manifeste les comportements nécessaires pour y parvenir.

Finalement, il faut aussi que l’enfant soit motivé et démontre le désir d’aller faire ses besoins de lui-même. En tant que parent, le fait d’adopter une attitude encourageante envers l’enfant en félicitant ses progrès sans lui mettre de pression est la meilleure façon de le sécuriser dans cet apprentissage.