Les fêtes de noël approchent. Cette année au Québec, tu auras le droit (peut-être) à quatre jours pour faire le tour de la famille. Des mois que personne n’a pu se voir! Tu imagines bien la joie que les grands-parents, tantes et oncles auront de se retrouver et de pouvoir enfin serrer ton enfant dans leurs bras …
Oui, ils seront heureux et c’est bien normal après des mois de pandémie. Toutefois, ton enfant, lui, aura-t-il envie d’aller embrasser tout le monde? Doit-on exiger d’un enfant qu’il fasse un bisou ou un câlin même s’il n’en a pas envie?
Synonyme d'impolitesse?
On a probablement tous assisté à la scène où le parent se fâche, voire menace de punition parce que son enfant refuse d’aller embrasser grand-maman pour lui dire bonjour. Au contraire, si les parents choisissent de ne pas forcer leurs enfants, grand-maman prend ça personnel et se vexe. « Quel impoli cet enfant là! Quelle éducation franchement, ça va être beau quand il sera rendu adolescent! ».
À l’approche des réunions de famille, voici quelques points importants que je te propose de garder à l’esprit.
Des gestes bien intime qui ne devraient pas être forcés ou simulés
Embrasser quelqu’un, lui faire un câlin, ce n’est pas anodin. Il s’agit d’un geste d’intimité. En aucun cas on devrait forcer un enfant ou lui demander à ce que le geste d’affection soit finalement simulé à contrecœur, même avec un proche. C’est important aussi de comprendre l’impact de phrases que l’on peut parfois dire ou entendre. « Vas faire un bisou à ma tante, elle va te donner un cadeau », « Vas faire un gros câlin au père noël » … Bisous, câlins, sont des cadeaux précieux que s’ils sont consentis et il ne doit pas avoir de lien entre affection et récompense.
C’est dès le plus jeune âge que le respect du consentement doit être appris. Un grand mot que les enfants, par expérience, intègre très rapidement. Ma fille, du haut de ses 4 ans, clamait haut et fort le respect de son consentement si ses propres limites étaient dépassées par les adultes. D’ailleurs, quelques livres sont suggérés à la fin de cet article pour appuyer votre enseignement.
C’est au quotidien, par nos propres actions qu’il est possible de leur faire intégrer ce principe. En respectant qu’un enfant n’ai pas forcément envie de nous embrasser à ce moment précis, même nous ses parents. C’est en respectant que l’enfant n’aime pas les chatouilles ou qu’il en a pas envie maintenant. C’est en comprenant que notre enfant est un être humain à part entière et qu’il est important d’obtenir sa permission.
Pourquoi autant insister sur le fait qu’on ne devrait jamais forcer un enfant à faire un bisou ou un câlin contre son gré? Il n’y a pas mort d’homme me diras-tu? Ce n’est pas encore un peu exagéré ce débat? On a tous survécu aux bisous mouillés de la grande tante que l’on n’avait pas envie de recevoir …
Utiliser à bon escient ton pouvoir d'enseignement
Et bien, c’est crucial de comprendre qu’il ne faut jamais forcer un enfant à un geste d’intimité, aussi banal soit-il, parce que c’est lorsque nous sommes petit que l’on pose les bases pour les relations affectives de plus tard. C’est lorsque l’on est petit que l’on apprend que notre corps nous appartient. C’est lorsque nous sommes petit que l’on apprend qu’on a le pouvoir de choisir et surtout, le droit de s’affirmer dans ce choix. C’est petit que l’on apprend à connaître ses propres limites et à sonner le signal d’alarme au besoin. C’est donc petit que l’on construit sa capacité à prendre des décisions et à avoir du libre arbitre. Quelle ressource personnelle précieuse pour l’avenir, n’est-ce pas? L’enfant n’a déjà que peu de contrôle dans sa vie, laissons-le maître de son corps!
Trop d'adultes d'aujourd'hui se battent pour leurs droits. Soyons le changement.
Les parents sont en général d’accord sur le fait que l’enfant a le droit de disposer de son corps et le droit au respect. Alors ne lui envoies pas de messages contradictoires en le forçant aux réunions de famille, juste dans le but d’éviter les malaises.
Non, il ne s’agit absolument pas d’une impolitesse si ton enfant refuse d’aller embrasser quelqu’un. Tant que ton enfant peut dire bonjour ou remercier par un geste, pourquoi imposer un contact physique non consenti à ton enfant? Grand-maman s’en remettra! Peut-être même arriveras-tu à lui faire comprendre l’importance du consentement. Après tout, toi, en tant qu’adulte, aimerai-tu ça qu’on te force à embrasser quelqu’un alors que tu n’en as pas envie?
Suggestions de lectures
COUP DE COEUR : La bulle de Miro est une excellente histoire pour aborder l’intimité avec les petits (dès 2 ans). L’histoire est relativement courte et simple et le principe de la «bulle d’intimité» est très bien expliquée. Miro est un petit garçon qui n’aime pas les câlins. À la garderie, il n’aime pas quand ses amis sont trop proches de lui ou le regarde aller à la toilette. Ça le fâche, mais il ne sait pas comment l’exprimer. Son papa trouve les mots justes pour expliquer à Miro qu’il a le droit d’avoir une bulle d’intimité et qu’il n’est pas obligé d’accepter les câlins et les bisous, même quand il s’agit de ses propres parents.
Ce livre fait parti de mes recommandations pour apprendre à enseigner aux enfants qu’ils ont le droit de dire non aux bisous et de demander le respect de leurs limites corporelles. Ce n’est pas parce que les enfants sont plus petits ou «trop cute» que les adultes ont le droit de les toucher, et encore moins de les embrasser, sans leur accord. Dès 5 ans.