Mon enfant devant l’écran… qu’en est-il vraiment?

Il va de soi que les écrans (que ce soit le téléviseur, le téléphone intelligent ou la tablette) font partie de nos vies. On les utilise pour travailler, pour relaxer, pour communiquer, pour se renseigner… ils sont toujours là! Évidemment, nos enfants nous voient les utiliser et veulent très tôt eux aussi les manipuler. Comment réagir? Est-ce à encourager ou à proscrire? Voici quelques pistes pour vous aider à vous faire une tête sur le sujet.

Évidemment, c’est un choix très personnel et chaque parent choisira d’utiliser les écrans avec ses tout-petits comme bon lui semblera. Il importe toutefois, à mon avis, de le faire en toute connaissance de cause et parfois, on peut ainsi se remettre en question et modifier certains de nos choix, ce qui n’est jamais mauvais quand il est question d’offrir le meilleur à nos précieux petits humains!

 

La Société Canadienne de Pédiatrie recommande d’éviter toute exposition aux écrans avant l’âge de 2 ans, et par la suite de se limiter à moins d’une heure par jour jusqu’à 5 ans. Par la suite, il n’y a pas de recommandations précises, mais on propose de miser sur une variété d’activités différentes auxquelles l’enfant pourra s’adonner afin que les écrans ne nuisent pas au développement global.

Quelques mythes associés à l’utilisation des écrans

  • Les émissions pour enfants aideront au développement de son langage.

En fait, c’est plutôt le contraire. Ce sont principalement les interactions entre les parents et les enfants ou les échanges entre pairs qui favoriseront le développement du langage, tant réceptif (compréhension) qu’expressif (production). Le temps d’écran limite souvent ces échanges, ainsi l’enfant a moins d’occasions de mettre en pratique ses habiletés langagières. Même le fait d’allumer constamment la télévision en arrière-plan sans systématiquement la regarder peut nuire au langage en plus d’occasionner des impacts négatifs sur les fonctions exécutives de l’enfant (attention et mémoire), ce qui m’amène au prochain mythe.

  • Le temps d’écran stimule la concentration des enfants.

Comme mentionné précédemment, la télévision (tant le fait de regarder une émission ou le fait de la laisser allumer en arrière-plan) nuit aux fonctions exécutives et au développement cognitif lorsqu’utilisé sans limites et sans accompagnement. Plus concrètement, pensez à votre enfant quand il est devant un écran. À tort, on pense que son attention soutenue est un bon signe, mais c’est plutôt une absence d’attention conjointe et une limitation de son attention sélective. C’est-à-dire qu’il est tellement absorbé par l’information sensorielle chargée qui provient de son écran qu’il n’arrive plus à porter attention sur les stimuli de son environnement ou sur un élément précis (par exemple les paroles de son parent à son égard). Bien sûr, prendre des pauses et solliciter l’enfant souvent pendant son temps d’écran limitera ces impacts négatifs.

  • Les applications éducatives aideront l’enfant d’âge scolaire à faire des apprentissages notamment en français, en mathématiques ou en sciences.

Entre 6 et 12 ans, les enfants arriveront à résoudre des problèmes qui seront concrets pour eux. C’est en partie pourquoi à l’école, leurs enseignants s’efforcent de rendre la matière accessible en leur permettant de voir ou manipuler le plus d’éléments possibles. À cet âge, les enfants sont limités dans leur raisonnement par toute notion qui est abstraite, puisqu’ils comprendront les situations qu’ils ont pu expérimenter par eux-mêmes. Les applications de tout genre ne leur permettent pas de vivre de façon concrète une situation et ainsi mieux assimiler les notions qui y sont associées. Elles peuvent agir de support aux apprentissages ou encore d’agent de motivation, ainsi j’encourage leur utilisation quand le parent encadre les moments où l’enfant s’y adonne.

Une question d’équilibre.

Ce que j’ai surtout envie de vous dire, c’est de ne pas culpabiliser d’avoir recours aux écrans. Un parent a le droit de se donner des moments de répit et si quelques épisodes pour captiver son enfant quelques instants lui permettent de souffler un peu, c’est une raison tout à fait valable de succomber au temps d’écran. Quand on sait que ce n’est pas optimal pour le développement de l’enfant et qu’on utilise la télévision ou le téléphone intelligent de façon équilibrée, en proposant des activités stimulantes à d’autres moments de la journée, c’est également tout à fait acceptable de permettre à l’enfant de jouer avec la tablette ou autre. On peut aussi se servir des écrans pour vivre des moments privilégiés avec nos enfants, ce qui aura un impact positif sur le développement :

  • Prendre le temps de discuter avec son enfant des émissions regardées ou des jeux auxquels il a joué permet de solliciter les habiletés langagières et cognitives de l’enfant (mémorisation de l’histoire, habiletés narratives, liens de causalité, etc.)
  • Choisir des émissions ou des jeux qui permettent à l’enfant d’être exposé à de la diversité, tant corporelle, qu’ethnique,  et d’ouvrir la discussion sur les différences et l’acceptation des autres.
  • Motiver son enfant d’âge scolaire à consolider ses apprentissages à l’aide de différentes applications et jeux éducatifs à faire sur la tablette ou l’ordinateur.

Pour conclure, il importe de savoir que la plupart des activités que nous ferons avec nos enfants loin des écrans sont les meilleures que nous pourrons proposer. Elles permettent à l’enfant d’échanger, de bouger, de manipuler et de vivre des expériences riches qui ne sont pas passives et surstimulantes. Quand il est question d’offrir à l’enfant quelques moments pour relaxer devant un écran, il importe de se rappeler que tout est surtout une question d’équilibre!